86 automobiles à Beauchamp en 1935

Imposé par l’administration militaire au même titre que pour les chevaux, juments, mulets et mules ainsi que pour les pigeons voyageurs, un recensement des véhicules automobiles présents sur la commune doit être effectué par les mairies à compter de la fin de la Première Guerre mondiale. L’état établi en 1935 permet de se faire une idée du nombre et du genre d’automobiles qui circulaient alors à Beauchamp.

Un recensement en cas de réquisition militaire

Par une loi de 1934 signée par le Ministre de la guerre de l’époque, Philippe Pétain, toute personne souhaitant la mise en circulation d’un véhicule : automobile, tracteur ou remorque, doit faire une déclaration spéciale de propriété sans laquelle elle ne peut obtenir de carte grise. Cette déclaration doit être faite en mairie afin d’être transmise au Ministère de la guerre via le général commandant l’artillerie de la Région.

Les renseignements demandés concernent aussi bien le véhicule que le propriétaire et le conducteur déclarés. Ces derniers doivent ainsi indiquer précisément quelle est leur situation militaire. Pour le véhicule, les informations sont assez semblables à celles qui figurent sur nos certificats d’immatriculation actuels. Mais il s’ajoute une page de renseignements complémentaires visant à estimer l’usage qui pourrait en être fait par la logistique militaire en vue d'une réquisition : Nombre de places des voitures de tourisme ?  Dimensions et nature des carrosseries des camions et remorques ? Contenance, nombre de compartiments des citernes ? Nombre de blessés couchés transportables par les ambulances ? Présence d’un side-car pour les motocyclettes ? etc. etc.

Ces fiches n’ont pas été conservées en mairie, mais il existe encore un tableau récapitulatif global pour l’année 1935.

Deux véhicules pour 100 Beauchampois

On y recense 86 véhicules pour une population de 3 800 Beauchampois, soit environ deux pour 100 habitants. 48 sont des véhicules de tourisme et 34 des utilitaires. On ne dénombre que 4 motos. Parmi les utilitaires, la majorité est constituée de camionnettes (18) devant les poids-lourds (12) et quelques remorques (4).

Pour ce qui est des marques représentées, la production étrangère est quasiment inexistante ! On note seulement 7 véhicules, dont 5 utilitaires du constructeur Ford. Pour le reste, il s’agit de deux voitures de tourisme de marque Ford et Fiat. Dans cette catégorie, les trois-quarts des modèles sont issus des usines des principaux constructeurs français de l’époque (et encore d’aujourd’hui) : Citroën (14), Renault (12) et Peugeot (10). Cela correspond exactement à l’état du marché d’alors, ceux qu’on nomme Les Trois Grands représentant 75% de la production nationale. On relève également la présence de trois Mathis, marque moins connue et désormais disparue, mais qui est alors le 4e constructeur français.

Le quart restant concerne des marques produisant des modèles haut-de-gamme. On remarque deux Chenard & Walcker, dont l’une appartient à M. Alazard, prospère propriétaire du Café de la Gare et dont le nom apparaît sur nombre de cartes postales de l’époque ; une Talbot propriété du directeur des Etablissements Cadoux ; deux Hotchkiss ou encore une voiture de sport légère Amilcar.

Quant aux camions, sept sur douze sont de marque Renault. Mais cela n’est sans doute pas représentatif car sur les sept, cinq appartiennent au même entrepreneur, M. Millot, négociant en charbons à Beauchamp. C’est d’ailleurs lui qui, avec ses camions, a été retenu en 1927 pour assurer la livraison du combustible nécessaire au chauffage des bâtiments communaux.

Sur une carte postale offrant une vue de l’avenue des châtaigniers, on remarque deux voitures garées sur la gauche dont le numéro d’immatriculation pour la première est clairement lisible. La souche de déclaration qui nous est parvenue permet de l’identifier : il s’agit tout simplement du véhicule du docteur Pierre Ragonnet, patricien bien connu à Beauchamp. Il résidait dans la villa que la végétation du parc nous empêche d’apercevoir sur la gauche et qui depuis 1988 accueille la Médiathèque municipale. Quant au véhicule garé plus loin, son numéro est invisible mais on reconnait la silhouette caractéristique d’une Renault de la gamme Stella, un cabriolet plutôt haut de gamme produit par la marque française.